Dans la mythologie grecque, la boite de Pandore, envoyée par Zeus, contenait tous les maux de la terre : peut-être le mildiou en faisait-il partie, du moins pour le jardinier… En effet on annonce souvent aux jardiniers débutants la culture de tomate comme une culture facile, mais il s’avère que c’est peut-être la plus technique… et le mildiou est une maladie qui pourrait bien nuire à vos plants de tomates.
Le mildiou, c’est quoi au fait ?
Le mildiou est une maladie fongique due à un champignon au doux nom de Phytophthora infestans. Le genre Phytophthora est un redoutable adversaire pour diverses cultures légumières
ou ornementales (les producteurs pépiniéristes en savent quelque chose…). Mais tous les mildious ne sont pas dus à phytophthora.
La maladie se développe en général en sol lourd, à cause d’arrosages excessifs sur le feuillage et favorisé par des températures comprise entre 12 et 27°C (optimum) : conditions souvent réunies après un orage en période estivale. Un différentiel de température entre les racines et les parties aériennes semble également avoir un impact sur le développement de la maladie.
Comme la grippe à chaque année sa souche de mildiou : en effet d’une année sur l’autre, ce n’est pas la même souche du champignon qui s’attaque à vos tomates. Certaines sont plus virulentes que d’autres et de nombreux laboratoires scientifiques à travers le monde les étudient pour trouver des solutions nouvelles. Il ne faut pas oublier que le mildiou a été à l’origine de famines par ses attaques sur pomme de terre au début du siècle dernier.
Quels sont les symptômes du mildiou ?
Les premiers signes touchent d’abord les feuilles et tiges puis les fruits.
Les feuilles présentes des plages brun-vert huileuses débutant en bordure des feuilles provoquant des dessèchements en leur centre. Les tiges deviennent brun-noir : en général les taches débutent au niveau des points d’insertion des gourmands, des feuilles et des grappes de fruits. Au final les fruits présentent des bosselures marron-noir-vert marbrées. Ils n’arrivent pas à maturité et finissent par tomber.
18 conseils pour lutter (ou plutôt éviter) contre le mildiou
1 – Sélectionnez des plants sains et forts : si vous faites vous-même vos plants de tomates à partir de semis, ne plantez que les plants dont le feuillage est bien développé et la tige robuste.
2 – Ne laissez pas vos plants de tomates trop longtemps dans les pots d’origine : que vous produisiez vous-même vos plants ou que vous les achetiez dans une jardinerie, il ne faut pas laisser se former un chignon racinaire trop important en fond de pot. En effet lors de la plantation vous serez peut-être contraint de défaire cet amas racinaire en abimant les racines. Si vous plantez tel quel l’enracinement ne sera pas favorable à une bonne reprise de vos tomates et risque d’affaiblir le pied. N’achetez vos plants de tomates que lorsque vous êtes prêt à les planter.
3 – Plantez à la bonne date selon votre région : plantez vos tomates lorsque le risque de gelée est écarté. Au nord de la Loire, il est préférable d’attendre après le 20 mai.
4 – Diversifiez les variétés de tomates dans votre parcelle : ne cultivez pas la même variété de manière groupée et mélangez variétés tardives et précoces, variétés sensibles et tolérantes au mildiou. Comme dans beaucoup de domaines, la mixité résout de nombreux problèmes
5 – Plantez vos tomates dans un sol favorable : votre sol doit être riche, fertile et bien drainé pour éviter les excès d’humidité favorables au mildiou.
6 – Évitez de blesser les plants : chaque blessure ou petite coupure est une porte d’entrée pour le mildiou
7 – Observez une rotation de culture de 4 ans entre deux cultures de tomates au même endroit en veillant à ne pas alterner avec des pommes de terre ces dernières étant de la même famille botanique que les tomates (Solanacées). Elles sont toutes deux sensibles au mildiou.
8 – Installez un système d’arrosage goutte à goutte pour arroser délicatement sans provoquer de projection d’eau sur les feuilles, sans provoquer de tassement du sol. De plus on apporte la juste quantité d’eau et c’est beaucoup plus pratique et rapide que de se promener entre les rangs le dos courber pour arroser pied à pied…
9 – Respectez les distances de plantation entre chaque pied (50 cm minimum) pour éviter de faciliter la propagation de la maladie.
10 – Installez une toile de paillage hors sol (utilisée habituellement pour des travaux paysagers) afin de couvrir le sol de votre culture de tomate. Fixée avec des agrafes métalliques elle est perméable à l’eau, garde la culture propre, sa couleur sombre garde les pieds au chaud même par faible ensoleillement. Mais son gros avantage est d’éviter les remontées des spores par projection d’eau lors des fortes pluies orageuses : en effet les gouttes d’eau en rebondissant sur le sol provoquent l’ascension des spores de phytophthora du sol puis de feuille en feuille : C’est souvent la cause des premières contaminations.
11 – Taillez les gourmands dès leur apparition : si les gourmands sont trop gros, cela risque de provoquer des plaies de taille importante dans lesquels le mildiou va s’infiltrer.
12 – Taillez les gourmands lorsque le temps est sec et ensoleillé : cela permet à la plaie de taille de sécher et de cicatriser plus rapidement évitant ainsi une « surinfection » permettant au mildiou de pénétrer dans les tissus exposés et blessés
13 – Désinfectez à l’alcool les outils utilisés pour couper les gourmands. Traditionnellement on les coupe avec les doigts en les pinçant entre le pouce et l’index, mais il est préférable si vous avez trop attendu d’effectuer une coupe propre à l’aide d’un outil affuté que l’on désinfectera tous les deux ou trois pieds de tomates.
14 – Lorsque la maladie est déclarée, il est déjà trop tard et je vous conseillerai même de détruire la culture par le feu pour ne pas contaminer votre sol avec les spores du champignon afin de ne pas hypothéquer les récoltes des années suivantes. C’est certes un peu radical, mais mieux vaut sacrifier une année de récolte.
15 – Pour les bricoleurs, il est possible de fabriquer un abri provisoire pour protéger vos tomates des pluies estivales contaminantes, mais l’idéal reste la serre de jardin.
16 – Utilisez les extraits végétaux à base de bardane, tanaisie, prêle et capucine pour limiter les dégâts et en préventif.
17 – La bouillie bordelaise pulvérisée en préventif est un recours possible si le risque de contamination est élevé (temps humide). Cependant même si elle ne représente pas un risque de toxicité aigu et immédiat pour l’homme le cuivre qui la constitue peut à terme perturber fortement le fonctionnement du sol et de manière durable (accumulation de cuivre non dégradable par le sol). La faune du sol tel les vers de terre n’apprécient guère le cuivre qui est également phytotoxique pour certaines plantes, bioaccumulable et reprotoxique pour l’homme. Il est également très néfaste pour les champignons du sol et notamment les mycorhizes si utiles pour les racines des plantes et la fertilité des sols. Si vous êtes amené à utiliser la bouillie bordelaise, diminuez de façon importante (divisées par 2 ou 3) les doses indiquées sur l’emballage.
Le truc à ne pas faire
18 – Le truc classique qui se transmet de jardinier en jardinier est de perforer la tige avec un fil de cuivre qui est sensé protéger chaque pied de tomate du mildiou. C’est complètement stupide : c’est comme si on s’enfonçait un fil de fer dans le bras pour soigner une carence en fer… Cela provoque une blessure (ce qui n’est jamais bon) et de plus personne n’est sûr des composés que cela libère dans la sève et donc s’accumulant dans les fruits (oxyde de cuivre).
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